Pourquoi, sous la direction de Nicolas Krüger, le chœur et l’orchestre d’ARTS² célèbreront-ils le centenaire de la mort de Gabriel Fauré à Écaussines ? La réponse est simple : le compositeur dirigea son Requiem avec un petit orchestre chez Anna Boch, en 1906. Jongen était à l’orgue Cavaillé-Coll-Mutin qu’Anna Boch légua plus tard à l’église Sainte-Aldegonde !
Le célèbre organiste-compositeur liégeois Joseph Jongen se produisit deux fois dans le salon d’Anna Boch, en 1905 et en 1906. Ce jour-là fut exécutée la Messe de requiem en ré mineur op.48 (ou plus simplement, "le Requiem") de Gabriel Fauré accompagné par un double quartette de cordes, avec Fauré en personne au piano et Jongen à l’orgue.
C'est ce Requiem qui sera joué à l’église à Ecaussinnes. L'occasion de commémorer le centenaire de la mort de Gabriel Fauré (4 novembre 1924).
On entendra l’œuvre sublime dans son orchestration d’origine, confrontée à la Sérénade n°1 de Johannes Brahms, ce grand contemporain qui partageait avec Fauré une sensibilité automnale.
---
Nicolas Krüger, direction
Chœur et orchestre d’ARTS²
Hanna Al-Bender, soprano
Marcel Vanaud, baryton
Chœur d’ARTS2 - Conservatoire royal de Mons · Charles Michiels, direction ·
Orchestre symphonique d’ARTS²
Etienne Walhain, orgue
Brahms - Sérénade No 2 en la majeur, Op. 16
Fauré - Requiem, Op. 48
Un orgue Cavaillé-Coll à Écaussinnes
L’église Sainte-Aldegonde abrite l’un des six orgues Cavaillé-Coll (la Rolls Royce au rayon orgues) présents sur le territoire belge, les cinq autres se trouvent à Bruxelles, Namur, Gand, Heverlee et Hasselt. Notre-Dame de Paris possède aussi le sien…
Ces douze petits jeux ont chacun une sonorité remarquable, admirablement dosée : un timbre d’une plénitude et d’une perfection incroyable ; l’ensemble de l’instrument sonne vraiment grand-orgue et on comprend très facilement, en vérité, que nos grands-pères se soient laissé séduire par semblable esthétique, même si les épigones de Cavaillé étaient très loin d’atteindre la même qualité. (Claude Roland, Vieux orgues en Hainaut, 1967)
L'orgue qui nous intéresse est à l’origine un orgue de salon légué par testament par Anna Boch au Chanoine Maubert, Doyen de Soignies, afin qu’il puisse le donner à une église pauvre de son doyenné au décès de la donatrice. C’était en 1928. Anna Boch était alors âgée de 80 ans. Un certain nombre de paroisses contactées refusèrent ce don, notamment Ronquières et Hennuyères qui possédaient déjà des orgues jugées à tort ou à raison plus ou moins valables. Ayant eu connaissance de ces refus, le curé d’Ecaussinnes-Lalaing, l’Abbé Blaze, au nom de sa paroisse, se porta acquéreur.
Le concert d’inauguration en l’église Sainte-Aldegonde fut donné le dimanche 17 janvier 1937 à 15 heures par l’organiste morlanwelzien Jules Freteur et son fils Richard, lui-même organiste et compositeur. La presse relate que les deux claviéristes ont démontré l’excellence, la docilité et les sonorités parfaites du nouvel instrument et ont donné la mesure de leur talent incontesté par l’exécution de pièces de choix.
Le Jour J, le temps était beau et l’église archi comble quand la bénédiction de l’instrument fut donnée par le Chanoine Scarmure. Celui-ci, dans son allocution insista sur l’importance de la belle musique qui donne à l’âme le moyen d’extérioriser avec le maximum d’expression la foi et l’espérance qui l’empreignent, et de rendre à Dieu l’hommage d’amour et de reconnaissance de sa créature.
Au fil du temps, l’instrument devint défectueux, l’Abbé Léon Jous, curé du lieu, attira l’attention de la presse nationale sur l’intérêt de sauver cet orgue en péril. Appuyée par l’Administration communale d’Écaussinnes, une procédure fut ouverte en vue de sa restauration. Le 30 mars 1983, le Ministère de la Communauté française autorisait les travaux. Dont coût : 1.176.903 francs.
Le vendredi 17 novembre 1989, un concert d’inauguration est donné par Bernard Carlier, organiste écaussinnois de renom et titulaire depuis octobre 1992 des orgues de Sainte-Waudru à Mons. Il comprend des œuvres de Marcel Dupré, Camille Saint-Saëns, Théodore Dubois, Paul Wachs, Louis Vienne, Jean Langlais et Richard Freteur.