DANSE JEUNE PUBLIC
La démarche artistique
Travailler et créer "pour rien", sculpter dans l'argile, savoir que sa création n'a pas d'avenir, voir son œuvre détruite en un jour en étant conscient que, profondément, cela n'a pas plus d'importance que de bâtir pour des siècles, c'est la sagesse difficile que la pensée absurde autorise ». (Camus)
Il est difficile de ne pas voir ici un lien féroce avec toute velléité de projet d’ordre chorégraphique. Art de l’éphémère s’il en est, le geste chorégraphique n’est il pas, plus que tout autre, voué à être "détruit en un jour", à disparaitre dans les plis de l’instant qui l’a vu naître ?
Pour la sixième création de sa compagnie, le chorégraphe souhaite s’inspirer de courants artistiques qui ont traversé le 20e siècle, notamment le théâtre de l’absurde et le surréalisme.
La place du projet dans le parcours de l’artiste
Les deux précédents projets d’Anton ont été une collaboration avec le réalisateur slovaque Gyorgy Kristof pour le film BUNKER, et la création de la pièce LES AUTRES, pour sa propre compagnie. Dans BUNKER, thriller dystopique sans parole, la danse avait la responsabilité de porter l’intrigue à l’écran. La pièce LES AUTRES est, quant à elle, basée sur une histoire écrite par Eléonore Valère Lachky, sur le thème de la crise écologique. Dans les deux cas donc, le travail chorégraphique servait un motif narratif, élaboré en amont du travail chorégraphique.
Bien que ces deux expériences aient été profondément enrichissantes, Anton trouve, à l’aune de cette nouvelle création, l’occasion de rompre avec "ce rôle de passeur", et renouer ainsi avec la spontanéité qui caractérise son approche créative.
Pour les dix ans de sa compagnie et pour la sixième création au sein de sa propre structure, Anton souhaite revenir à la base de ce qui fonde son engagement chorégraphique: le travail du mouvement.
Créée pour huit danseurs, cette pièce sans texte, sans voix off ni parole, signe le retour d’un travail centré sur le corps, dans lequel la danse ne porte la responsabilité d’aucun message si ce n’est celui de son propre jaillissement.
En 1924, André Breton publie le Manifeste du surréalisme. Il y définit le surréalisme comme un "automatisme psychique
pur" permettant d’exprimer la réalité de ses pensées, sans censure, que ce soit par l’écriture, le dessin, ou de toute autre
manière. Le surréalisme est basé sur l’exploration du monde onirique, dans l’espoir de reconnecter l’Homme avec son
intériorité. L’écriture automatique (initiée par Breton en 1919), par exemple, permet cette libération : elle est censée ne faire
intervenir ni la conscience, ni la volonté, en écrivant le plus rapidement possible ses pensées dans un état de lâcher-prise,
entre veille et sommeil. La connaissance des théories freudiennes (notamment la notion d’inconscient) a eu unnimpact important sur le surréalisme.
Le théâtre de l'absurde est un style de théâtre apparu au 20e siècle, qui se caractérise par une rupture totale avec des genres plus classiques (comédie, tragédie..). Cette rupture se traduit par exemple par un manque total de continuité dans les actions, l'absence d’histoire, d’intrigue, ou de structure cohérente. La rupture de l'horizon sémantique passe par le démantèlement de la logique de la représentation elle-même.
Les actions des personnages ne construisent rien, elles s'enlisent dans une attente qui ne sera jamais comblée et dans une logique de répétition (piétinement cyclique, temps « zéro » beckettien) où un processus de dégradation se substitue à la progression d'un conflit en fin de compte improductif.
Loin d’envisager reproduire à la lettre les procédés, et d’adopter les crédos qui fondent et caractérisent ces mouvements artistiques, Anton s’amuse au contraire des similarités, des affinités qui existent déjà avec son propre travail. Tantôt en réaction, tantôt dans la veine de ces mouvements, Anton pose les bases de sa nouvelle création en créant son propre manifeste. Du théâtre de l’absurde et du surréalisme, il conserve certains aspects, en rejette d’autres, clarifie les la ligne de sa propre démarche, et précise par la même les enjeux de ce nouvel opus.
En partenariat avec ékla, Centre scénique de Wallonie pour l’enfance et la jeunesse, dans le cadre du parcours Pass culture « Petit loup » proposé et organisé par le département de l’Éducation et de la Formation de la Ville de La Louvière !